mardi 22 mai 2012

Différentes vues de notre balcon et du toit par un beau dimanche ensoleillé...





Le temps des révoltes!


Des lustres que je n’ai pas écrit… SPB (syndrome de la page blanche)? Je ne pense pas, j’ai toujours mille et une histoires à raconter! Le manque de temps? Peut-être, mais on ne manque jamais de temps, c’est plutôt nous qui ne prenons pas le temps ou qui ne le planifions pas adéquatement. Ça fait plus de deux mois que je ne vous ai pas écrit. Il s’en est évidemment passé des choses depuis, d’innombrables choses, plusieurs anodines, qui ne valent pas la peine d’être racontées, mais d’autres un peu plus significatives, ou qui ont de quoi nous indigner ou même cocasses, que je tenterai de vous raconter du mieux que je peux.

J’ai décidé d’intituler ce blogue « Le temps des révoltes ». Je me suis amusée à nommer ce blogue ainsi en hommage aux étudiants qui manifestent depuis maintenant 100 jours au Québec et aussi pour cette loi spéciale 78 qui brime les droits les plus fondamentaux. Bien qu’étant à distance, je suis le dossier du conflit étudiant de près et maintenant, l’évolution du « dossier » concernant la loi 78… Mais enfin, ce n’est pas le sujet de ce blogue… Il se nomme également ainsi parce que la plupart de mes anecdotes sont un peu déroutantes, dérangeantes, frustrantes parfois. Mais, comme je l’ai entendu très récemment dans un film intitulé Blood Diamond (film relatant la guerre civile de Sierra Leona à la fin des années 1990 et dénonçant le marché des « diamants de conflits »), « CCA : C’est ça l’Afrique! »

Alors, à tous chers parents et ami(e)s, je vous dis bonne lecture.  

Gestion d’un incendie… paradoxalement en milieu lacustre!


Le village d’Ahomey-Gblon est situé dans la Commune lacustre de Sô-Ava (avec qui je travaille, pour ceux qui ne s’en souviendraient pas), à une trentaine de kilomètres au nord-est de la capitale économique du Bénin, Cotonou. Malgré la courte distance qui les sépare, il faut compter environ 1h15 à partir de Cotonou pour se rendre au village, soit 1h de route, dont 30 minutes sur une voie non bitumée, et 15 minutes de barque motorisée. Bref, un petit village lacustre assez isolé.

Mercredi le 14 mars 2012 aux environs de 13h30-14h00, Ahomey-Gblon a été touché par un incendie qui a malheureusement détruit une grande partie du village, fait deux morts, six blessés, plus de 2000 sinistrés et causé d’importants dégâts matériels (dont 271 maisons brûlées). Étant donné l’enclavement du village, les pompiers de Calavi (Commune voisine à l’ouest de Sô-Ava) ont mis environ deux heures pour atteindre le village, une fois qu’ils ont été alertés. Par contre, avec le cours d’eau à traverser, ils n’ont pas pu apporter leur équipement pour éteindre le feu. Pendant ce temps, les villageois ont tenté tant bien que mal d’éteindre les flammes avec des seaux d’eau et avec une seule motopompe.

Ce jour-là, avec un collègue de travail, j’étais déjà à la Mairie de Sô-Ava, en compagnie des membres du Collectif des OSC de Sô-Ava (partenaire d’Oxfam-Québec). On a été alerté par le Maire, puis on s’est rendu sur les lieux, pensant que c’était un petit incendie et qu’il était déjà éteint. Or, rendus sur place, on a constaté que le feu était assez costaud et qu’il n’était pas du tout maîtrisé. Mon collègue a immédiatement alerté le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui a contacté le Directeur de la Police Nationale chargé de la protection civile, qui a mobilisé les pompiers de Cotonou. Ceux-ci se sont rendus par voie maritime au village d’Ahomey-Gblon, par le lac Nokoué. Le feu a ainsi pu être maîtrisé après plus de quatre voire cinq heures après le début de l’incendie, vers 19h00.

Des jeunes du village tentent d'éteindre le feu avec une motopompe.


C’est la première fois que je gère en « live » une catastrophe de ma vie. « Welcome to the real world » comme on dit! Moi qui aie fait mon essai sur la gestion des catastrophes naturelles, je peux vous dire que sur papier et dans la réalité, il y a des années-lumière qui séparent! Depuis plus de deux mois maintenant, l’équipe humanitaire locale, avec l’appui de mon collègue et moi-même avons fait un travail colossal pour gérer la phase urgence de l’incendie et aider la population sinistrée. Nous avons ainsi réceptionné les dons de vivres et non-vivres, les avons distribués à la population sinistrée, avons tenu informés les autres ONG humanitaires des informations et des avancées de la gestion, etc.


L'équipe humanitaire locale mise en place se prépare à recenser 
la population sinistrée et à constater les importants dégâts matériels.

L'équipe humanitaire locale réceptionne des sacs de riz et les comptabilise.

Les femmes du comité villageois de gestion de 
crise se préparent à distribuer le maïs.

Aujourd’hui, la population sinistrée d’Ahomey-Gblon survit, mais dans des conditions assez précaires. Beaucoup ont tout perdu et vivent à plusieurs dans des tentes beaucoup trop chaudes pour le climat et surtout, non imperméables. Avec la saison des pluies qui arrive, il faut trouver des solutions et rapidement. Bref, une situation assez difficile pour cette population...


Un aperçu de l'état du village après l'incendie...


Des sinistrés attendent patiemment leur tour pour recevoir du maïs...

Désolation...

Jeune garçon du village sinistré

Avec le Collectif, on a élaboré un projet de relèvement, pour les appuyer dans la reconstruction de leurs maisons et pour la reconstitution des moyens de production (équipements agricoles, machines à coudre, etc.). Mais le gros défi, c’est qu’il faut trouver du financement pour ce projet. Et comme il y a « juste » 2033 sinistrés, beaucoup de bailleurs de fonds ne financeront pas, car c’est une petite catastrophe. Ce sont les réalités de l’aide humanitaire. Je vous réécrirai bientôt pour vous reparler de ce projet de relèvement.

Semi-marathon… en Afrique!


Comme la plupart d’entre vous le savent, j’ai déjà couru quelques marathons et, bien que n’étant pas une athlète de haut niveau, j’aime bien courir et me donner des défis sportifs personnels. Vers la fin du mois de mars, j’ai vu une pancarte : « Semi-marathon international de Cotonou le 14 avril 2012 ». Très intéressée, j’en ai parlé à Wamba et, motivés, nous nous sommes inscrits. En passant, l’inscription était gratuite, ce que j’ai trouvé très inusité, car pour avoir participé à cinq autres demi-marathons dans ma vie, il en coûte en moyenne de 50 à 80 $CAD, ce que je trouve tout à fait normal, puisque ça coûte cher organiser un tel événement sportif. Pour ce cas-ci, on nous a informés qu’il fallait récupérer notre numéro de course la journée même, avant le début de l’événement.

Le jour J, on s’est rendu sur place pratiquement deux heures à l’avance et, c’est là que le bordel a commencé. C’était le chaos pour récupérer nos dossards et nos t-shirts de même qu’une bouteille d’eau. Bien que nous étions inscrits, on a fait une simili queue ou tous se bousculaient et on a finalement eu notre du, sans toutefois que ça soit à notre nom ou même que l’on coche notre nom. À quoi bon s’inscrire alors? On a attendu le début de la course où il n’y avait d’ailleurs pas de ligne de départ (bizarre pour un demi-marathon qui se dit « international »), puis le coup d’envoi a été donné et on a commencé à courir.


Juste avant le départ, on sourie vers l'inconnu...


Wamba médite pour vaincre les obstacles qui l'attendent au cours du demi-marathon!

Pour ma part, je me prépare avec ma technique de "self defense"!

Mon pire semi-marathon à vie, rien de moins. Les organisateurs de l’événement n’avaient pas eu l’intelligence d’avertir leurs concitoyens de Cotonou qu’il y aurait un tel événement et que des rues seraient bloquées. C’était donc le chaos total dans la ville, d’autant plus que beaucoup de Béninois sont très indisciplinés en voiture/moto. Tous tentaient de se frayer un chemin dans la marée d’automobiles et de motos et évidemment, aucun d’entre eux n’a eu l’intelligence d’éteindre son moteur pour le souci respiratoire des coureurs. On a respiré du monoxyde de carbone pendant 21,1 km. J’en avais mal au cœur. On se « tape » un semi-marathon, à quelque part parce que l’on considère qu’il est important de faire du sport et de se garder en santé, mais dans de telles conditions, il est évident que ça nuit à la santé plus qu’autre chose. Tu as les poumons grands ouverts, tu es en plein effort physique et tu respires ça…

Autres éléments désagréables : on nous a servi de l’eau extrêmement chaude pendant le parcours. De l’eau qui a sûrement passé la journée au gros soleil (le demi-marathon commençant seulement à 16h00). Comment est-ce possible que l’on serve de l’eau chaude à des coureurs pendant le parcours? C’était de l’eau pratiquement imbuvable. Fort heureusement, il y a deux âmes charitables qui m’ont donné de l’eau fraîche. Aussi, pour la première fois de ma vie durant un semi-marathon, j’étais une minorité visible. On devait être une dizaine de yovos (blancs en langue fon) à courir sur quelques centaines de participants et là-dessus, on devait être 3-4 femmes blanches, tout au plus. Je me suis fait royalement achaler pendant tout le parcours, autant des spectateurs que des autres coureurs. Autant j’ai eu des mots d’encouragement, autant j’ai eu des mots dérangeants, fatigants, « gossants ». Les coureurs voulaient me voler le peu d’eau fraîche que j’avais, voulaient courir à mes côtés, mais pas mal trop près (du style à péter ma bulle). Fort heureusement, j’avais ma musique avec moi. Et je crois que c’est ce qui m’a permis de « toffer » jusqu’à la fin.   

Également, les ambulanciers et organisateurs de l’événement n’ont pas cessé de se promener dans le couloir des coureurs durant toute la course, nous perturbant intensément. Rendue au dernier kilomètre, je n’en pouvais plus : je rêvais de franchir la ligne d’arrivée. J’étais rendue à un rond-point particulièrement passant pour les motos et les automobiles, qui attendaient d’ailleurs impatiemment qu’on leur ouvre le chemin. C’est au moment où j’ai passé ce rond-point que les policiers ont eu la « brillante » idée de laisser passer les véhicules et les motos. Et comme les coureurs nous n’avions pas de couloir à proprement parler, on a couru le dernier kilomètre avec des motos et des voitures frustrés qui nous passaient à quelques mètres (devrais-je même dire centimètres) du corps, nous envoyant leur gaz d’échappement. Méchant demi-marathon!

Cerise sur le sundae : en arrivant au stade de l’amitié, point d’arrivée, j’ai commencé à marcher, pensant avoir terminé, puis je me suis fait dire que je devais entrer dans le stade. J’ai recommencé à courir, avec les minces énergies qu’il me restait, et une fois rendue dans le stade, j’ai cherché la ligne d’arrivée que je n’ai jamais trouvée, personne ne nous attendait, aucune médaille (alors qu’on nous en avait promis une) ni aucune collation. J’ai vu des gens partir avec un « six packs » d’eau, j’ai donc voulu faire de même. Mais comme j’étais plutôt vers la fin de la course, ils avaient rationné l’eau et plus personne ne pouvait en prendre, ne serait-ce qu’une bouteille! R-I-D-I-C-U-L-E! Comme je suis yovo, je me suis faufilée et j’ai réussi à en obtenir une facilement, alors que d’autres étaient là depuis pas mal plus longtemps et n’en ont pas eu. Eh oui, traitement de faveur au blanc… Wamba, qui était arrivé avant moi, m’a vue et est venu me rejoindre, visiblement très content que j’aie pu me procurer une bouteille d’eau. Lui était là depuis une bonne vingtaine de minutes et on n’a pas voulu lui en remettre une. Tu viens de te taper 21,1 km de course et les organisateurs ne sont même pas foutus de te donner une simple bouteille d’eau?! Je m’excuse, mais tu ne peux pas t’appeler « semi-marathon international de Cotonou »; vous avez encore bien des croûtes à manger pour cela!

C’est fait, mais je peux vous assurer que plus jamais dans ma vie je ne refais ce demi-marathon de Cotonou, à moins qu’il ait changé du tout au tout. Ce soir là, nous sommes rentrés à la maison épuisés, fracassés, déshydratés et en manque d’énergie. Normalement, tu dois manger un petit truc, quelque chose d’énergétique de 20 à 40 minutes maximum après une course comme ça. Eh bien échec pour cette fois. Ça nous a pris 2-3 jours à s’en remettre, mais tout va bien maintenant! Et on a même eu la folle idée Wamba et moi de s’inscrire au marathon, complet cette fois, d’Accra au Ghana le 30 septembre prochain. On a vu ça complètement par hasard sur internet. Mais nous sommes confiants que cet événement sera pas mal mieux organisé. Comment le sait-on? Ils ont un site internet, contrairement à celui de Cotonou, et il faut payer et tu peux payer en ligne et ils ont beaucoup d’informations sur leur site, dont le trajet, l’heure exacte du départ, etc. Maintenant que nous sommes inscrits, il nous reste le plus dur : s’entraîner et se préparer adéquatement pour l’événement. 

Incident diplomatique…


« Ouvrez les frontières, ouvrez les frontières! » Ce sont les paroles d’une chanson du chanteur reggaeman ivoirien, Tiken Jah Fakoly. Il dénonce le fait qu’il soit tellement difficile pour les Africains d’immigrer dans un pays occidental ou d’obtenir un visa, alors qu’eux nous reçoivent les bras ouverts… Je suis entièrement d’accord avec ses propos. Pour ma part, j’ai été victime d’un incident diplomatique à la frontière Bénin/Togo il y a à peine trois semaines de cela. J’ai justement pensé à sa chanson…

Wamba et moi étions en route pour Lomé, capitale du Togo, question de connaître un peu ce pays voisin du Bénin. Comme j’avais une longue fin de semaine, avec le Congé de la fête du Travail, on en a profité. Rendus à la frontière Bénin/Togo, nous sommes descendus du taxi-brousse, que nous avions pris à Cotonou, pour passer la frontière à pied. Le taxi nous attendait simplement de l’autre côté, avec nos bagages et les autres passagers, qui ont aussi passé la frontière à pied. Je suis allée vers l’immigration béninoise où un agent a rempli une fiche avec mes renseignements personnels, où je travaille, mon numéro de téléphone, où j’habite, etc. Puis, on a demandé à voir mon visa. Or, voilà que je n’ai pas de visa permanent pour le Bénin. Le fait est que j’ai une carte de service qui devrait normalement faire office de visa, mais c’est tout nouveau. Ça a été décidé par le Ministère des Affaires étrangères il y a quelques mois. J’ai montré cette carte (qui n’est en fait qu’un bout de carton avec ma photo, mes coordonnées et qui indique mon lieu de travail et mon poste, mais ça n’est pas tamponné dans mon passeport). L’agent frontalier a regardé mon « visa » de façon suspicieuse, puis m’a indiqué que c’était correct et que je pouvais partir. Je n’ai pas posé de question, pensant que l’affaire était ketchup et je suis partie. Or, rendue au passage où l’on regarde mon tampon de sortie du Bénin, l’agent m’a dit ne pas trouver le fameux tampon dans mon passeport. J’ai cherché aussi, ne le trouvant pas, puis je me suis dit que l’agent frontalier avait tout simplement oublié de me tamponner. Je suis donc retournée le voir. Sa réaction a été de pratiquement m’ignorer et il m’a tout simplement dit que ma carte de service ne faisait PAS office de visa et que j’avais besoin d’un VRAI visa. J’ai vraiment détesté son attitude arrogante et méprisante. J’ai expliqué la situation à ses collègues, en utilisant un ton peut-être un peu agressif, et ces derniers ont eu la même réaction. J’étais vraiment enragée : on me dit que cette carte de service fait office de visa, puis on me crée maintenant des problèmes à la frontière. Le pire, c’est que j’étais allée au Togo trois semaines plus tôt, avec la même carte de service et que je n’avais eu aucun problème ni à l’aller ni au retour. J’ai appelé mon collègue logisticien Hilarion qui s’occupe des histoires de visas/cartes de service chez Oxfam. Il m’a bien expliqué que oui, tout était correct et qu’avec la carte de service, je pouvais passer. J’ai voulu qu’Hilarion parle à ces imbéciles de l’immigration (pardonnez-moi, mais j’ai peu de respect pour ces gens qui ne cherchent que les pots de vin, qui cherchent des problèmes avec des yovos alors que tous les papiers sont en règle, mais qui laissent passer chaque jour des gens qui pratiquent le trafic de drogue, le commerce illégal, etc.). Ces agents n’ont évidemment pas voulu prendre le téléphone. Je me suis dit que ma fin de semaine au Togo tombait à l’eau.

Puis, j’ai vu d’autres agents frontaliers de l’autre côté de la rue. Je suis allée vers eux, ma dernière chance. J’ai parlé à l’un d’eux qui m’a désignée du doigt son supérieur et m’a dit que « j’étais chanceuse qu’il soit là ». Je suis allée le voir pour lui expliquer la situation le plus calmement possible, alors que je bouillonnais au fond de moi. Il a été plus ouvert d’esprit et a même accepté de parler au téléphone avec mon collègue Hilarion. Après quelques négociations il m’a amenée voir mes « meilleurs amis » les imbéciles et j’ai réussi à me faire tamponner pour sortir du Bénin. Méchante histoire!

La suite s’est bien déroulée : comme j’avais un visa temporaire pour le Togo avec deux entrées et deux sorties, je n’ai eu aucun problème à entrer au Togo, fort heureusement. Mais toute l’histoire a dû prendre au moins 30-40 minutes et pendant ce temps, le taxi-brousse et tous ses occupants m’attendaient du côté togolais, y compris Wamba évidemment. Je suis rentrée dans la voiture enragée, du peu de considération qu’on m’a portée alors que je suis totalement en règle et que je veux simplement faire du tourisme et aller passer une fin de semaine en amoureux au Togo. Où est le problème? J’ai fini par me calmer, non sans savoir que le même problème reviendrait sûrement au moment de retourner au Bénin, où les agents frontaliers sont si « accueillants ».

Trois jours plus tard, frontière Togo/Bénin. Togo : Je montre mon passeport avec mon visa et mon dernier droit de sortie du Togo, l’agent me tamponne sans aucun problème et me drague même! Je n’en ai rien à faire, mais j’entre dans son jeu, me promettant que cette fois-ci, je n’aurai aucun problème avec les agents frontaliers, que ce soit au Togo ou au Bénin. Il me demande à quand sera la prochaine fois que je reviendrai au Togo. Je le rassure en lui disant bientôt, car ce pays est magnifique et ses gens sont si sympathiques et accueillants, ce qui est totalement vrai. Je pars, marche vers la frontière béninoise, montre mon passeport à un agent frontalier béninois, lui indique mon « visa » qu’est ma carte de service. Roulement de tambour trtrtrtrtrtrttrrrrrr… mais ça ne passe pas pour la deuxième fois en deux. L’agent donne mon passeport à l’un de ses supérieurs que je dois suivre. Puis, ce dernier le remet à son supérieur qui m’invite à venir dans son bureau. Même scénario : je lui explique que ma carte de service fait office de visa, que c’est le Ministère des Affaires étrangères qui en a décidé ainsi il y quelques mois. Il me dit alors qu’il lui est impossible de me laisse passer, que je dois payer un visa provisoire de 10 000 francs CFA (l’équivalent d’environ 20 $ CAD). Je refuse catégoriquement, argumentant que je travaille à Cotonou et que selon le Ministère des Affaires étrangères, tous mes papiers sont en règle. Il me dit ne pas être au courant de cette nouvelle décision et que je dois payer. Je lui demande : « Qui me remboursera? » Personne assurément… Il me dit alors que l’autre solution est que je passe la frontière sans qu’ils me tamponnent. Et que dès mon retour à Cotonou, je dois me rendre au Ministère des Affaires étrangères pour élucider l’affaire et me faire faire un visa dans les règles et que je dois aussi me rendre au Service de l’Immigration pour faire tamponner mon passeport comme quoi je suis bien entrée en territoire béninois. J’accepte cette proposition et je rentre donc en sol béninois sans tampon… Théoriquement, à l’heure où j’écris ces lignes, je ne suis « pas » au Bénin puisque mon passeport n’est pas tamponné!

C’est le lendemain, de retour au travail que j’ai pu élucider l’affaire. J’avais raison : mes papiers sont en règle et la carte de service fait maintenant office de visa et donc les gens disposant de cette carte devraient théoriquement passer la frontière sans souci. Et c’est en effet le Ministère des Affaires étrangères qui a émis cette décision qui est somme toute très récente : elle date du 20 février 2012. C’est une de mes collègues qui m’a fait remarquer que j’avais oublié d’imprimer la lettre du Ministère qui explique cette nouvelle décision. Avec la carte de service et cette lettre, l’affaire devrait être ketchup normalement pour la prochaine fois. J’avoue mon tort de ne pas avoir eu cette lettre explicative, mais je me pose tout de même une question : comment se fait-il que ces agents frontaliers, qui n’ont que ça à faire, ne soient pas au courant de cette nouvelle décision? Comment se fait-il que cette décision du Ministère des Affaires étrangères ne se soit pas rendue jusqu’à la frontière? Ces imbéciles (pardon, c’est plus fort que moi!) d’agents frontaliers n’ont-ils pas des réunions concernant les nouveautés et les mises à jour? Enfin, pour ma part, je trouve que tout le processus est très questionnable et qu’il y a un problème à un certain niveau. Je compte bien écrire au bureau d’appui technique du Canada à Cotonou pour leur signaler mon mécontentement… Ouvrez les frontières disait Tiken Jah… totalement en accord avec lui.


Au moins, derrière l'incident diplomatique se cache 
tout de même une fin de semaine toute en beauté!

Agbodrafo, petit village près de la mer, pas très loin de la frontière Togo/Bénin

Devant l'enseigne de la Maison Wood, ancien comptoir clandestin 
de trafic d'esclaves à Agbodrafo, Togo...

Le lac Togo et la technique de pêche à la togolaise


Petit tour de barque avec un pêcheur pour nous faire 
traverser le lac jusqu'à Togoville, ancienne capitale du Togo.

Mes « amis » les animaux


De façon générale, j’aime les animaux et les insectes, mais comment dirais-je… je les préfère loin de moi. Pourtant, on dirait que je les attire! Depuis mon installation dans l’appartement avec ma coloc et Wamba, on a eu la visite de plusieurs « amis ». Il y a d’abord eu un rat dans la cuisine, qui a dû y séjourner une bonne semaine. On retrouvait d’ailleurs ses crottes sur l’étagère… J’étais terrorisée et je n’osais même plus aller dans la cuisine, de peur de tomber face à face avec lui! Fort heureusement, Wamba a pris les choses en main et l’a tué à ma demande (c’est contre sa croyance de tuer les animaux, il m’a donc fait toute une faveur…). Puis, sont venus des cafards/coquerelles/blattarias (ils continuent de venir à l’occasion d’ailleurs). Je les trouve parfois sur le plancher, parfois sur le mur de la salle de bain et du salon… Je n’apprécie pas trop la présence de ces bestioles. J’ai surtout peur qu’elles se mettent à voler (car oui, elles volent) et qu’elles me tombent dessus! D’ailleurs, ce que je redoutais est arrivé. Un soir, Wamba et moi regardions un film dans le lit, qui, je tiens à le préciser, est doté d’une moustiquaire. Tout d’un coup, un cafard m’est tombé dessus! J’ai réagi super vite en me secouant la tête, il est tombé sur le lit et Wamba l'a chassé dehors. Il y a évidemment eu plus de peur que de mal, mais jusqu’à ce jour, je n’ai toujours pas compris comment cette coquerelle en était arrivée dans la moustiquaire pour ensuite me tomber dessus. C’est un phénomène mystique, sans doute… Puis, on a même eu un lézard dans la chambre une fois. Wamba avait laissé la moustiquaire de la fenêtre ouverte un court laps de temps une nuit pour aérer la chambre où il fait extrêmement chaud en saison sèche. Un petit lézard a eu le temps de se faufiler dans notre chambre. Je l’ai retrouvé le lendemain matin sur le mur, tout près de notre tête de lit. Wamba toujours à la rescousse, a chassé le lézard avec un balai pour qu’il retourne dehors. Enfin, on a eu un deuxième rat dans la cuisine. Celui-là a passé pas mal moins de temps que le premier, car j’étais aux aguets. Dès le lendemain, j’ai donné une nouvelle mission au guerrier Wamba pour qu’il chasse le rat, mais cette fois sans le tuer, pour ainsi respecter ses croyances. Il a réussi avec brio son mandat, en le chassant par la fenêtre (c’est d’ailleurs sûrement par là qu’il est venu). Je vous jure que depuis, je tiens les fenêtres et les moustiquaires bien fermées, walaï! (expression signifiant : « Je te jure » en arabe). Tout le monde utilise cette expression ici!  





Fort heureusement, il y a notre chère Kongo, la petite chienne (qui n’est d’ailleurs plus petite!) que nous avons depuis le mois de janvier, qui fait le contrepoids de mes péripéties avec les animaux. Elle est tannante, mais je l’aime bien cette petite. 

Ma coloc Élodie, Wamba et Kongo qui refuse de se placer pour la photo!

Sous la pluie


Avant-hier, il a plu sur Cotonou et ce n’était pas de la petite bière. Non, une vraie bonne grosse pluie qui annonce la saison. Ça fait du bien, ça rafraîchit l’air. Pour l’occasion, j’ai mis mon chandail de coton/nylon à manches longues; la première fois que je le porte depuis mon arrivée ici! Pas surprenant d’ailleurs, avec la chaleur de ces derniers mois. Bref, je suis très contente de la venue de la pluie, mais y’a pas que des bons côtés à ce phénomène de Mère Nature. Plusieurs quartiers de Cotonou sont dans un bas-fond et la ville est, à beaucoup d’endroits, en dessous du niveau de la mer. Bref, une seule pluie peut donner tout un « look » à la ville : trous d’eau à profusion, bouette en quantité industrielle et chemins pratiquement impraticables là où les voies sont non bitumées... Alors, je n’ose même pas imaginer de quoi aura l’air la ville à la fin de la saison pluvieuse. Voici le résumé de la réalité « cotonoise », tiré d’un article sur le net :

« Les choses sont finalement assez simples à Cotonou. Au sud, l’océan avance inexorablement. Au nord, la lagune et le lac Nokoué débordent dès que les pluies tombent. Au milieu, une bande de sable et d’alluvions de 79 km2 sur laquelle s’entassent plus d’un million de personnes. […] Cotonou est fragile. Un tiers de l’agglomération se trouve sur des zones marécageuses. »

En revenant du bureau avant-hier, j’ai eu un léger aperçu de ce qu’auront l’air mes déplacements à moto au cours des prochains mois : de la bouette à profusion avec d’innombrables trous qui te donnent l’impression d’être dans des montagnes russes ou de danser dans un rave party, des « lacs » en plein milieu de la chaussée, des conducteurs anarchiques, et moi avec ma belle jupe mauve et blanche et mes petites sandales en cuir. Je ne sais pas de quoi j’avais l’air, mais ça devait être une drôle de scène. Morale de l’histoire : me doter d’un kit de pluie, incluant bottes, pantalon et imperméable. Bien du fun en perspective pour les mois à venir, je vous le dis!   

Vous savez, chers parents et ami(e)s, mon but n’était pas de « chialer » ou de me plaindre (c’est sûr que ça fait du bien sortir les irritants accumulés par contre!), mais je tiens à vous montrer aussi l’autre côté de la médaille béninoise, du moins à travers mon expérience. Il y a parfois de quoi se révolter, mais il faut savoir s’adapter et faire avec certaines réalités. Enfin, je ne veux en rien vous effrayer et sachez que le Bénin regorge de beautés magnifiques et de gens fort sympathiques et qu’il vaut vraiment la peine d’être visité!

La preuve: je vous y attends avec un super brownie au chocolat fondu 
et aux haricots rouges concocté maison! Miam!

Je vous laisse sur un adage africain :

« Le coq a un seul propriétaire, mais chante pour tout le village. »

Je tâcherai de vous écrire plus rapidement le prochain blogue,
Bonne semaine à vous et au plaisir!

Geneviève

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