jeudi 8 mars 2012

Un melting pot d’art, de royauté et de villages lacustres

D’abord et avant tout : en ce 8 mars de l’an de grâce 2012, je tiens à vous souhaiter, chères dames, une excellente journée internationale de la femme!

Me bi fon ganji a? Kenkenlen, doxo dede!  (Salut! Tout le monde va bien? Excusez-moi, parlez lentement s.v.p.! )

Eh oui, je suis des cours de langue fon (langue la plus parlée à Cotonou et au sud du Bénin) et ce sont les quelques rudiments de fon que j’ai appris! Je suis des cours depuis quelques semaines, et ce n’est pas du tout évident. Je n’arrive à retenir que quelques mots. Mais je tente de pratiquer avec mes collègues béninois et quand je vais acheter des fruits et légumes au marché Dantokpa, un des plus gros marchés d’Afrique de l’Ouest. Mon but n’est pas de parler couramment le fon (loin de là!), mais plutôt de dire des mots et des petites phrases par-ci par-là. Ça fait toujours plaisir aux Béninois de voir un Yovo (Blanc) baragouiner leur langue. Et ça fait plaisir à la Yovo de la baragouiner aussi!

Ça fait bien longtemps que je veux écrire ce troisième blogue et, avec le travail, les activités, les escapades et le sport, le temps manque parfois. Mais le voici, le voilà, il est pondu, enfin! À toutes et à tous, je vous souhaite bonne lecture!  

Wamba

Je ne vais pas vous le cacher, car c’est une très bonne nouvelle et ça va faciliter la suite de la lecture, puisqu’il y apparaît souvent : j’ai un chum/copain/petit ami (eh oui!) depuis début janvier, question de commencer l’année 2012 en beauté! Il s’appelle Wamba, il est Camerounais et vit à Cotonou depuis six ans. Il travaille dans le domaine des arts et de la culture. Il gère entre autres des artistes. J’insère deux photos de nous deux, pour que vous puissiez mettre un visage sur son nom. Donc voilà pour la bonne nouvelle! J

© 2012 Photographe : Élodie

© 2012 Photographe : Élodie

© 2012 Photographe : Inconnu (!)
Dans un village près de la bouche du Roy, sud du Bénin

Kongo

Autre petite nouvelle : imaginez-vous donc que je suis rendue avec un chien depuis presque deux mois! Moi qui n’ai jamais eu d’animal domestique (à part les chats de la ferme à Berthier qu’on nourrissait et qui venaient « squatter » notre garage!). Je n’avais pas vraiment l’intention d’avoir un chien, mais il m’est tombé dessus pratiquement. Pour faire une histoire courte, un des amis à Wamba a une voisine qui a deux chiens qui ont eu sept chiots. Se ramassant avec neuf gaillards (ou en devenir), elle ne pouvait évidemment pas tous les garder. C’est ainsi que Kongo est arrivée (c’est une femelle) un beau dimanche, toute petite, dans un sac à dos nous l’avons adopté. Bon ce n’est pas l’idéal, car elle vit sur notre balcon (assez grand tout de même). Par contre, on va la promener assez souvent sur la plage à Fidjrossé, à deux pas de la maison. Nous l’avons appelé Kongo avec un « K », faisant référence au Royaume Kongo, empire de l’Afrique avant l’arrivée des colons européens, qui comprenait tous les pays de l’Afrique centrale (République du Congo, RDC, Gabon, etc.). En fait, Wamba est un Bantou Bamiléké et ses ancêtres viennent du Royaume Kongo. Après la chute du Royaume, avec l’arrivée des Européens, les clans (comme le clan Bantou) se sont dispersés et se sont subdivisés en ethnies (comme les Bamilékés, les Bakokos, etc.). C’est ainsi que les ancêtres paternels de Wamba ont migré vers le Cameroun au 19e siècle. D’ailleurs le nom Wamba vient du Royaume Kongo et Wamba Pungu Tulendu signifie « Dieu du fétiche ». Kongo est donc un hommage à ses ancêtres et à son peuple. Également, je tiens à vous préciser que Kongo a environ trois mois, elle est donc née à peu près en même temps de mon arrivée en terre africaine. Significatif, vous ne trouvez pas?

L’artiste Landu et l’art africain

Landu est un artiste congolais, ami de Wamba, qui vit à Cotonou. Il réalise des peintures sur toile, des designs sur t-shirts faits à la main, des nappes, des graffitis retraçant l’histoire de l’Afrique, et surtout, de ceux qui se sont battus contre la colonisation et pour l’unité des peuples africains.

© 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Peinture sur toile : Mama Afrika

 © 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Peinture sur toile : Couleurs d’Afrique

© 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Graffitis représentant des figures importantes africaines ou des personnages importants pour les droits civiques et la paix dans le monde (entre autres : Martin Luther King complètement en haut à gauche et Gandhi vers la droite)

Depuis deux mois, Wamba fait office de manager (et mannequin) à Landu, tandis que je me suis retrouvée photographe, « blogue designer », et chargée de marketing (et mannequin également!)! En fait, l’art n’est pas du tout valorisé ici, au Bénin, et Landu, bien qu’il produise des œuvres d’art depuis de nombreuses années, n’a pas eu la chance de se faire connaître et que l’on reconnaisse son art à sa juste valeur. C’est lorsque j’ai vu ses toiles et ses différentes œuvres que je suis tombée sous le charme. Avec l’appui de Wamba, nous lui avons donc réalisé un blogue et l'on tente de le faire connaître petit à petit. Il aimerait bien faire deux ou trois expositions dans des centres artistiques ou culturels à Cotonou, durant la prochaine année. Nous sommes donc, Wamba et moi, en train de l’appuyer à constituer son dossier artistique. Nous avons réussi à lui faire vendre quelques toiles, ce qui est un bon début. Il a également présenté des œuvres « squelettiques » au centre de jeunes d’Agla, un quartier de Cotonou pour une manifestation socio-éducative. Ce sont des œuvres qui passent un message, par exemple la nuisance de la cigarette et l’importance de notre santé, le droit des enfants, l’importance de l’éducation et de l’éducation ancestrale, l’unité africaine, etc. Pour Landu, l’objectif également est de se préparer pour la Biennale de Dakar en 2014, qui est une biennale de l’art africain contemporain, le plus ancien du continent (existe depuis 1990) et qui vise à valoriser et à promouvoir la richesse de la culture et de l’art africain.

© 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Landu en compagnie d'enfants, au centre des jeunes d'Agla, durant l'exposition socio-éducative

Si vous êtes intéressés à visiter son blogue, voici l’adresse :


Et surtout, si vous souhaitez acheter l’une de ses œuvres, contactez-moi pour me dire celle ou celles qui vous intéresseraient. Je ferai la commande auprès de Landu et l'on pourra s’arranger pour la logistique du transport et le mode de paiement. Pour les peintures sur toiles, elles peuvent facilement être roulées et envoyées dans un cylindre en carton. Merci d’avance d’encourager Landu et l’art africain! 

Aventures royales : épisode 3

La fin de semaine du 16 au 18 février a été pour moi une fin de semaine abracadabrante, y’a pas à dire. Les mots me manquent pour décrire ce weekend. Je vous raconte, vous allez comprendre.

Un Roi (dont je ne nommerai pas pour garder l’anonymat), que Wamba connaît, et avec qui nous avons fêté la fête du Vaudou en janvier (vous vous souvenez?), eh bien ce Roi nous a invités Wamba et moi à la fête de Gaani (une fête traditionnelle) à Parakou, située à un peu plus de 400 km de Cotonou. C’est en effet bien loin pour aller passer une fin de semaine, parce qu’ici on ne calcule pas en distance la route à parcourir, mais bien en temps étant donné le piètre état de la voie pavée. Comme je suis assoiffée de découvertes culturelles et d’aventures, nous avons décidé d’accepter son invitation et j’ai pris mon vendredi de congé pour que ça vaille un peu la peine de parcourir la moitié du Bénin. J’ai proposé à Wamba que l’on prenne le bus le vendredi matin pour arriver à Parakou en début d’après-midi. Comme ça, ça nous laisse le temps de découvrir la ville et le Roi n’a qu’à nous appeler et nous rejoindre le lendemain, soit le samedi, pour la fête. En plus, Wamba a passé deux ans à Parakou à l’université, c’était donc l’occasion parfaite pour revoir ses amis. Mais, en appelant le Roi, il n’était pas trop en accord avec notre « plan de match » parce que, et je le cite, « on va se perdre si on n’y va pas tous ensemble ». Il proposait plutôt que l’on se rende dans son Royaume, qui se trouve près d’Allada, le vendredi matin et qu’on parte ensemble pour Parakou. Je n’étais pas trop en accord, parce que je me disais que ça nous enlèverait beaucoup de liberté de voyager avec un Roi pendant trois jours, et surtout parce que j’avais déjà eu une expérience en la matière…

Petit aparté : aventures royales : épisode 2

Le Roi nous avait invités, Wamba et moi, à la fin du mois de janvier pour aller avec lui à Porto-Novo, pour une cérémonie quelconque dans sa belle-famille. Nous avons accepté avec plaisir et c’est ainsi qu’un beau dimanche, on l’attendait en matinée à une station-service pour qu’il nous prenne et qu’on fasse la route ensemble. Eh bien on l’a attendu plus d’une heure et demie le fameux Roi! Oui, je sais que je n’ai pas ma place en terme de ponctualité, mais quand même! Également, je n’ai pas trop compris de quelle cérémonie il s’agissait exactement et rendus là-bas, nous nous sommes ramassés dans une pièce sans aération, à manger et à boire. C’était très sympathique de la part de la belle-famille de nous servir, mais je me sentais un peu mal à l’aise. J’aurais eu envie de sortir et découvrir un peu le coin et voir la cérémonie à l’extérieur. Mais par respect pour le Roi, nous sommes restés à ses côtés. Nous sommes revenus sur Cotonou et j’ai appris par Wamba qu’il s’agissait de funérailles… celles de qui? Nous ne l’avons jamais su. Un membre de la famille de sa première femme (car oui, il est polygame). D’ailleurs, rares sont les Rois monogames ici.  

Mais revenons à notre épisode 3 des aventures royales…

Malgré mes réticences à voyager avec le Roi, j’ai accepté, pour faire plaisir à Wamba et parce que je me disais que ça allait être une expérience culturelle inoubliable… et pour être inoubliable, ça l’a été, y’a pas de doute.

C’est ainsi que le vendredi matin Wamba et moi avons pris le taxi-brousse pour Allada, puis le zem (taxi-moto) pour le Royaume (à un peu plus d’une heure au nord de Cotonou). Rendus là, nous avons croisé le Roi dans sa voiture. Nous sommes donc montés rapido presto et je me suis dit intérieurement « wow, il était temps que l’on arrive, il nous attendait ». Mais nous étions à mille lieues de ce que je pensais. En effet, on a « viraillé » comme on dit en bon québécois, pour aller faire cirer les chaussures du Roi, pour faire réparer sa voiture, pour aller voir son frère et toute la famille sur un chemin de brousse, puis un ami qui habite encore plus « creux » sur ce même chemin de brousse. Je n’ai pas osé poser de questions sur l’heure à laquelle nous allions partir pour Parakou. Mais je me disais à chaque fois que ça y était, qu’on allait vraiment partir maintenant. Or je voyais l’heure avancer et on était toujours près d’Allada, à faire la tournée familiale et amicale. Après plusieurs heures à « zigonner » comme ça, après avoir mangé au Royaume, après avoir attendu le « cortège royal » d’un autre Roi qui ne venait pas et qui n’est d’ailleurs jamais arrivé, nous sommes ENFIN partis vers 17 h (!!!) en direction de Parakou où 365 km nous attendait (alors que nous étions arrivés vers 10 h am). Évidemment, vu l’heure à laquelle on partait, et comme il est très déconseillé de voyager la nuit, on n’allait pas se rendre à destination la soirée même. Bref, à ce point de l’histoire, j’étais déjà irritée intérieurement et j’avais le sentiment que je venais de perdre ma précieuse journée de congé. Enfin, nous sommes partis le Roi, la Reine, un autre Roi dont je n’ai jamais su ni le prénom ni son « Royaume d’appartenance », Wamba et moi. Et je tiens à préciser à ce stade de l’histoire que seuls le Roi et moi-même savons conduire.

Il tenait absolument à ce que je conduise; je n’ai pas posé de questions et j’ai donc pris le volant de sa voiture, qui est très vieille et, à lui regarder l’allure, on sent qu’elle est sur le point de rendre l’âme. J’ai commencé à conduire sur les chemins de brousse (pas évident), puis nous sommes arrivés sur l’asphalte et notre but était de nous rendre à Bohicon pour la nuit. Et c’est là que j’ai eu droit à la pire conduite de ma vie (environ 3 heures pour moins de 75 km!)! Pourtant, on s’entend qu’au Québec, les conditions routières ne sont pas toujours évidentes avec la neige, la glace à l’occasion, etc. Mais je vous jure que c’était encore pire. J’ai repensé au mécontentement de la population québécoise cet été dû à tous les travaux de construction routiers et c’est seulement à ce moment-là que je me suis dit qu’on est très chanceux et choyés d’avoir des routes en si bel état. Et les nids de poule à Montréal, c’est de la rigolade comparé à la voie entre Allada et Abomey. Ici, ce ne sont pas des nids de poule, ce sont des nids d’éléphant! La route est tellement dégueulasse que j’avais peine à prendre de la vitesse. Je devais ralentir pour contourner les nids d’éléphant et, même pire, freiner pour passer dans les fameux nids d’éléphants. Vous pouvez vous imaginer que mon irritation a augmenté d’un cran puis d’un autre au fur et à mesure que j’avançais. Et le Roi qui se permettait de commenter ma conduite : « Doucement, il faut faire attention, il faut conduire prudemment. » Comme j’avais les nerfs à fleur de peau, je lui ai répondu coûte que coûte : « Je fais de mon POSSIBLE ! ». Je me disais intérieurement « mais qu’est-ce que je fous ici? Dans quelle situation est-ce que je me suis encore mise? » Et je n’avais qu’une envie : rentrer à Cotonou. Pour ajouter à la situation, le moteur s’est mis à chauffer solidement et on a dû s’arrêter sur le bord de la route pour le faire refroidir. Wamba était assis derrière avec les deux autres Rois, je n’avais donc pas pu lui déverser mes frustrations. J’en ai donc profité pour le faire à ce moment ! Mais à me regarder conduire, il sentait déjà que ça n’allait pas. Je suis allée voir le Roi pour lui dire que je ne pouvais pas continuer à conduire dans de telles conditions, d’autant plus qu’il commençait à faire noir. Une fois le moteur refroidi, le Roi s’est donc installé derrière le volant et je suis allée derrière.

On a fini par se rendre de peine et de misère à Abomey. Il était rendu 21 h 30, je n’avais aucune idée où on allait passer la nuit, on n’avait pas encore mangé et on était sur le bord de la voie à attendre le fameux « cortège royal » de l’autre Roi. C’est à ce moment que j’ai « pété ma coche » comme on dit : je suis allée marcher avec Wamba et je lui ai tout balancé ce que j’avais sur le cœur et je me suis mise à pleurer, à cause de la frustration d’avoir perdu ma journée de congé et d’être dans une situation dans laquelle je n’avais pas du tout envie d’être. On s’est dit que le mieux était que l’on se sépare du « cortège royal » et que l’on continue seuls. Wamba est allé dire ça au Roi et la mâchoire lui est tombée quand il a appris la nouvelle. Il nous a dit « attendez, attendez, vous ne pouvez pas partir comme ça, ça ne sera pas long ». Puis il a appelé l’autre Roi pour lui demander où il était et surtout pour l’engueuler, alors que le pauvre n’avait rien à voir dans l’histoire! Enfin, je ne sais pas comment, mais nous sommes finalement restés avec le « cortège royal », peut-être par respect, peut-être pour donner une deuxième chance au coureur. On a fini par aller manger avec l’autre « cortège royal » dans un petit restaurant, puis on a fini par aller dormir dans la maison familiale de feu la mère du Roi, à Bohicon. J’ai passé la nuit sur la corde à linge évidemment, à dormir sur une natte dans la chaleur. Wamba non plus n’a pratiquement pas dormi.

Le lendemain matin, on s’est levé tôt, on s’est vêtu de nos beaux habits traditionnels et on a repris la route. Et, comme la route est belle à partir de Bohicon, le Roi tenait coûte que coûte à ce que je conduise. Ce que j’ai fait pour la grande partie du chemin qu’il restait à faire (près de 300 km). J’étais un peu moins frustrée et irritée que la veille, mais quand même. Le Roi a conduit pour les 40-50 derniers kilomètres et, à notre grande surprise, la fête de Gaani n’était même pas à Parakou, mais à Kika, un petit village sur un chemin tout de poussière, à 25-30 km à l’est de Parakou, en direction du Nigéria. Notre plan avec Wamba était de rester un peu à la fête et de partir de douce en prenant un zem (taxi-moto). Mais à voir l’état de la route et surtout toute la poussière, on se disait que ça allait être pratiquement impossible de tenir 25-30 km sur une moto à respirer de la poussière pour retourner à Parakou. Enfin, nous sommes arrivés à la fête vers 14 h 30 -15 h 00 le samedi (plus de 24 heures après l’heure à laquelle j’avais pensé arriver!).

© 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Musiciens durant la fête de Gaani 

© 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Les "crieuses" durant la fête de Gaani

La fête comme telle a été bien sympathique : il y avait des chevaliers (et des chevaux évidemment!), des danseurs, des chanteurs, des « crieuses », des musiciens, tous habillés de façon traditionnelle à l’africaine. Plusieurs Rois étaient de la fête et il y a même eu le président de la Cour Constitutionnelle, le ministre de l’Intérieur, le Commissaire central de la police de Parakou, le Maire de Parakou, un député de la mouvance politique et des généraux de l’armée béninoise. Nous étions assis parmi les invités d’honneur et j’ai bien apprécié le spectacle. Ce que j’ai trouvé assez surprenant par contre a été que les ministres et autres gens de haute importance lancent des billets de 1000 Francs CFA (environ 2 $ CAD) aux chanteurs, aux « crieuses », aux danseurs, etc. Les billets tombaient par terre et une personne désignée comme « gestionnaire » ramassait l’argent. J’imagine qu’ils se partagent ça de façon équitable par la suite. Mais j’ai trouvé que ça créait vraiment une relation d’inégalité et de pouvoir. 

© 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Danseurs professionnels durant la fête de Gaani

 © 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Chevalier durant la fête de Gaani

© 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Danseurs professionnels

Enfin, nous avons soupé avec tous les Rois présents à la fête et les quelques Reines qui avaient accompagné leur mari. Je ne sais pas si je vous ai dit, mais normalement, on ne doit pas voir un Roi ni manger ni boire. Nous avons donc été « choyés » de faire partie de leur tablée et de partager leur repas. Mais honnêtement, je me sentais un peu mal à l’aise d’être là parmi toute cette royauté, surtout qu’eux aussi devaient se demander ce que Wamba et moi faisions là, mais personne n’a osé nous poser la question.

Toujours est-il que nous sommes restés là pour le repas, puis nous avons dû quitter, car les Rois devaient rester entre eux pour discuter. De quoi exactement? Bonne question... Nous avons fini par partir la nuit venue et notre nouveau plan de match à Wamba et moi était d’aller dormir chez un de ses amis à Parakou. Évidemment, les choses ne se sont pas passées comme cela. Le Roi nous avait calculés dans ses plans et nous avions une chambre dans un hôtel. Nous avons été incapables de nous sauver encore une fois et nous avons pris la chambre dans l’hôtel, tout en spécifiant à Sa Majesté que je devais être de retour en fin d’après-midi maximum à Cotonou. Wamba et moi étions conscients à ce stade que nous nous devions de rester avec le cortège jusqu’à la fin, mais nous n’avions pas envie non plus de rentrer sur Cotonou à minuit le soir, surtout que je reprenais le boulot le lendemain.

Nous avons dormi à l’hôtel Princesse (l’endroit n’a rien d’une Princesse d’ailleurs, il porte très mal son nom!). Après la journée dans la poussière, il n’y avait pas d’eau pour prendre une douche et même pas de seau d’eau pour prendre une douche à l’africaine! Nous avons dû demander au moins trois fois au membre du personnel pour enfin avoir un mini seau d’eau. On s’est lavé comme on a pu dans ces conditions. Wamba en a profité pour aller voir son ami à Parakou et moi, après l’avoir salué brièvement, je suis tombée de fatigue sur mon lit de « princesse ».

Le Roi nous a réveillés de bon matin (5 h) pour que l’on prenne la route de retour (un autre petit 400 km!). Encore une fois, les choses devaient se compliquer un peu. Son auto en train de rendre l’âme a bien été sur le point de mourir, car elle ne démarrait pas. Après maints essais, on s’est mis à pousser la voiture, dans l’espoir qu’elle démarre. C’est ainsi que je me suis ramassée avec Wamba, le Roi inconnu et la Reine à pousser le « cortège royal » à 6 h un dimanche matin dans les rues de Parakou. Une visite inoubliable, je vous le dis! Et essayez de chercher un mécano à 6 h du matin un dimanche, pas évident! Je me voyais déjà devoir appeler chez Oxfam pour leur dire que je ne pourrais pas aller travailler le lundi… Enfin, je ne sais pas par quel miracle, mais après une heure de recherche d’un mécano et après avoir tenté de réparer la voiture nous-mêmes, un ange est descendu du ciel. Un monsieur est passé à côté du véhicule en panne et nous a proposé son aide, ce que nous avons accepté avec joie. Je n’ai aucune idée des manipulations effectuées, mes connaissances en mécanique automobile étant nulles, mais après une quinzaine de minutes, la voiture a démarré. Alléluia! Nous avons donc pu reprendre le chemin du retour et, encore une fois, j’ai conduit la majeure partie du temps, sauf le tronçon affreux entre Bohicon et Allada. N’empêche que j’étais épuisée.

Wamba et moi avons ENFIN laissé le cortège royal près d'Allada, pour continuer jusqu’à Cotonou en taxi-brousse. Le Roi nous a même invités la fin de semaine d’après à une autre cérémonie dans le Mono, région collée sur le Togo. Nous avons dit que nous étions déjà occupés, et dans ma tête je me disais que PLUS JAMAIS je n’allais voyager avec un Roi. Alors désolée de vous décevoir, mais je ne crois pas qu’il y aura de quatrième épisode des aventures royales !

Mon mandat chez Oxfam

Plusieurs d’entre vous m’ont écrit pour me demander « Et le travail, comment ça se passe?! Que fais-tu exactement? Aimes-tu ton mandat? » Car il est bien vrai que je parle de plein d’aspects que je découvre au Bénin, mais je n’ai pas trop détaillé mon travail chez Oxfam-Québec. Alors voilà, je remédie de suite à la situation.

Pour ceux et celles qui ne le savent pas, je suis conseillère en prévention/gestion des catastrophes naturelles chez Oxfam-Québec au Bénin. Oxfam a sept partenaires locaux (six ONG et une Commune) et j’appuie plus particulièrement deux de ses partenaires, à savoir le Collectif des ONG de la Commune de Sô-Ava et la Mairie de Sô-Ava. Avant de vous expliquer mon mandat comme tel, voici un petit portrait de la Commune. Le Collectif regroupe plus d’une trentaine d’ONG et de regroupements, tous de Sô-Ava. Avant, tout un chacun travaillait chacun de son côté, de même que la Mairie. Or, depuis un an et demi, le modèle de gestion a beaucoup changé, avec l’appui d’un coopérant volontaire d’Oxfam, les ONG se sont regroupées pour former un Collectif et ils ont approché la Mairie pour travailler de pair avec elle pour le développement de la Commune. En effet, au lieu de travailler de façon disparate, il est beaucoup plus efficace et intéressant d’unir ses forces et de travailler en concertation. C’est ainsi qu’est né le Cadre Communal Élargi de Concertation (CCEC), qui est composé du Collectif des ONG, de la Mairie, mais aussi des partenaires techniques et financiers (PTF) de la Commune de Sô-Ava, dont Oxfam-Québec.

La Commune de Sô-Ava est une Commune lacustre où la population, qui est estimée à ce jour à 101 975 habitants, vit sur l’eau et au bord de l’eau. Elle est donc très exposée aux inondations suite à la crue des eaux chaque année. Elle a d’ailleurs été victime (comme beaucoup d’autres Communes au Bénin) en septembre 2010, des pires inondations depuis 60 ans, catastrophe qui a déplacé une bonne partie de la population et causé beaucoup de dégâts matériels. En effet, près de 42 000 personnes ont dû être déplacées et les dégâts ont été estimés à l’équivalent de plus de 2 900 000 $ CAD. N’ayant pas été préparées, les autorités communales et la population ont fait ce qu’ils ont pu, avec l’appui de plusieurs ONG et agences des Nations Unies. Oxfam-Québec, bien qu’elle n’avait pas d’expertise en humanitaire au Bénin, a répondu à l’appel d’urgence de la Commune, puisque c’est l’un de leurs partenaires depuis plusieurs années et qu’elle a une bonne connaissance du contexte et des acteurs. Voilà globalement le portrait de Sô-Ava et du contexte des inondations de 2010.

  © 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Petite fille dans la Commune de Sô-Ava



 © 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Le village de Ganvié et ses maisons sur pilotis, Commune de Sô-Ava

J’ai donc été recrutée pour renforcer les capacités de la Commune de Sô-Ava en termes de meilleure prévention et préparation en cas de catastrophes naturelles. Je n’ai pas de formation en réduction des risques de catastrophes, par contre, ayant fait mon essai (travail de fin d’études) sur la gestion préventive des catastrophes naturelles en Asie du Sud et du Sud-Est, j’ai plusieurs connaissances dans le domaine. Mon mandat consiste à améliorer les compétences et connaissances permettant aux populations de la Commune de Sô-Ava de mieux gérer et prévenir les risques de catastrophes naturelles et de mieux s’adapter aux changements climatiques. J’appuie entre autres la finalisation et la validation de leur plan de contingence (plan d’urgence en cas de catastrophe). D’ailleurs, Hyppolite (coordonnateur du Collectif des OSC de Sô-Ava) et moi avons présenté le plan de contingence aux conseillers communaux à la Mairie mardi de la semaine dernière et (joie!) il a été validé à l’unanimité. C’est donc une excellente nouvelle pour le développement de la Commune. D’ailleurs c’est l’une des cinq premières (sur 77) à se doter d’un tel plan. J’appuie aussi la Commune dans la mise en œuvre de certaines actions prioritaires à mettre en place pour mieux gérer les risques (par exemple, la mise en place d’un système d’alerte précoce). Également, mon mandat consiste à renforcer les capacités au niveau interne, c’est-à-dire pour le bureau d’Oxfam-Québec au Bénin, en élaborant un plan de contingence et en formant l’équipe en matière de gestion et prévention des catastrophes naturelles et en matière de gestion de crise humanitaire selon la philosophie d’Oxfam international. Voilà donc globalement mon rôle ici. J’espère que j’ai pu vous éclairer et que vous avez maintenant une meilleure idée de mon travail au Bénin.

 © 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Marché flottant, village de Ganvié, Commune de Sô-Ava 



 © 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Dame dans sa pirogue, village de Ganvié, Commune de Sô-Ava


© 2012 Photographe : Geneviève Sylvestre
Pêcheur sur le lac Nokoué

Une réussite pour la Commune de Sô-Ava

Le Groupe de Recherche pour l’innovation, l’organisation et le transfert d’Oxfam-Québec (GRIOT) organise un Colloque au Palais des Congrès à Montréal en mai prochain. Dans le cadre de ce colloque, il y a eu un appel à propositions pour les praticiens du développement international, les chercheurs, les professeurs et les étudiants de maîtrise et de doctorat autour de la thématique suivante : « La gestion et l’évaluation des projets de développement : Quelles contributions au renforcement de capacités organisationnelles? Vers une perspective locale et internationale ». C’est ainsi qu’Hyppolite a postulé avec sa communication ayant pour titre «  Partenariat Commune de Sô-Ava/ Oxfam-Québec : Du rôle à celui de l’expert formateur ».

Et, roulement de tambour trtrtrtrtrtrtrtr : il a été sélectionné! Il partira au Québec pour donner une présentation sur la thématique lors du Congrès. J’en suis très heureuse et fière! D’ailleurs, si vous voulez lire son appel à propositions, je l’insère en pièce jointe. Ce n’est pas très long à lire (pas autant que mes blogues!); ça fait deux pages. Ne reste plus maintenant qu’à espérer qu’il obtiendra son visa pour ce « cher » Canada! Petit clin d’œil à mes ami(e)s souverainistes! J

Bon, je m’arrête ici. Plus les blogues avancent, plus j’en écris long! Je tâcherai d’être plus concise la prochaine fois.

Prenez soin de vous chers parents et ami(e)s et au plaisir de s’écrire ou de se parler prochainement,

E yi hwedevonu! (À la prochaine!)

So long,

Geneviève xxxx

1 commentaire:

  1. Amiga! bueno mi frances es pésimo pero si entendi lo de Wamba! hahahaha un abrazo y que te siga saliendo todo bien en Benin! En dos semanas voy a paris y me voy a quedar con los padres de Therese.. pero ella va a estar en Londrés.. va a ser un poco triste sin ella creo =(

    bisou!

    RépondreSupprimer